Note générale :
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J'ai aimé passionnément ce livre pour l'esprit de liberté qui le guide. C'est comme si Jean Teulé avait joué l'alphabet-blues des voyelles de Rimbaud sur la trompinette de Boris Vian. A chaque chapitre s'ajoute une couleur. La poésie est une angoisse fondue qui tourne parfois au fou rire. Robert se prend pour Rimbaud. Il a 36 ans. Des yeux de porcelaine. C'est un type dans les deux mètres, avec des cheveux-copeaux sur la tête. Il a toujours habité Charleville-Mézières, une maison de silence. Il a appris à respirer l'air du large, enfermé dans une armoire. Au coeur du bois, il a gravé le mot "bateau". Isabelle est standardiste à la S.N.C.F. Elle se prend pour un buisson d'aubépines. Entre eux, s'embrase le feu bactérien. Même un borgne appellerait cela l'amour. La jeune fille essaie d'apprendre au puceau les mains et les corps qui se donnent en réponse. Robert, ses voix sont ailleurs, sorties des pages d'un volume de la Pléiade. Impérieusement, c'est Rimbaud qui commande. Sous un soleil de feu, ivres zigzags au travers d'une Afrique non conforme, Isabelle le suit jusqu'à l'heure extrême de la mort arc-en-ciel. Jean Vautrin
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