Note générale :
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Une histoire d'amour, quoi de plus banal ? Que dire de neuf, d'original, que d'autres n'auront pas dit cent fois avant vous ? Comment éviter l'impasse, le tristement classique ? Jean-Paul Enthoven ne cherche ni le neuf, ni l'original. Et tant qu'à faire classique, il en rajoute : dans l'épure, le cinglant, le mordant ? l'ellipse stendhalienne, la cruauté racinienne. Une femme fatale, vénale, féroce et fragile. Un homme faible, à la fois riche et démuni : à la dérive. Une atmosphère à la Fitzgerald, des personnages un peu maladifs, un peu pervers. Mais des regards, des mots qui portent, qui font mal. Un univers de souffrance d'autant plus sombre qu'elle reste contenue. Rendre une histoire d'amour "intéressante" ? Mission impossible. Sauf à porter l'écriture et l'analyse, comme ici, à un degré proche de la perfection ? réaliser à froid le découpage en fines lamelles bien saignantes d'un "c?ur mis à nu". On pense parfois à la plume désenchantée de Buzatti. C'est dire les qualités littéraires de cette implacable et miroitante Aurore. --
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