Note générale :
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En 1497, après une longue période de protection et de faste, les juifs portugais furent placés face à une alternative cruelle : se convertir au christianisme, comme le voulait le roi dom Manuel, ou bien quitter secrètement le territoire du royaume. Cette date marque le début d'une histoire fascinante et double. D'un côté, l'histoire de la culture clandestine des marranes, sans cesse menacée par l'implacable et bureaucratique Inquisition, mais pourtant tenace, à tel point qu'on a pu en observer certaines survivances au XXe siècle dans des contrées reculées du pays. De l'autre, celle d'une diaspora éclatée aux quatre coins du monde, caractérisée par une homogénéité remarquable et cultivant une nostalgie étrange envers une patrie lointaine et irréversiblement disparue. L'avers et le revers d'une histoire confisquée, qui s'est prolongée durant plus de trois siècles, jusqu'à ce que la révolution libérale de 1820 permette à quelques petites communautés de revenir s'installer au Portugal. L'histoire des juifs portugais est celle d'un entêtement. Elle montre comment s'est construite et perpétuée l'identité d'une nation, en dépit des atteintes successives portées à sa religion, à son territoire, à sa langue et à ses traditions. Une nation dont les enfants se sont appelés Samuel Usque, Pedro Nunes, Baruch Spinoza, David Ricardo ou, plus près de nous, Pierre Mendès France et qui, avant l'émergence du nationalisme moderne, incarne l'une des plus étonnantes « victoires de l'histoire sur la géographie ». Ce livre, d'une lecture aisée, en donne pour la première fois un aperçu d'ensemble
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